23.5.11

Lars Von Trier nazi? Et après...



Voilà quelques semaines je vous partageais mon enthousiasme vis-à-vis le nouveau film de Lars von Trier, présenté au festival de Cannes.  Voilà que comme à son habitude, le réalisateur danois ne se gêne pas pour provoquer la Croisette, cette fois au cours de sa conférence de presse.  « I'm a Nazi » lance-t-il à la blague.

Le réalisateur abordais le sujet de ses origines allemandes récemment découvertes.  Il se croyait juif et était content de l'être, affirme-t-il, mais maintenant il se sait « nazi » et aussi content.  Il affirme que même si Hitler n'était pas un brave type il a de la sympathie pour ce dernier en l'imaginant dans son bunker, qu'il se comprend sur plusieurs points.  Von Trier ajoute toutefois qu'il n'est pas pour la seconde guerre mondiale ni contre les juifs, mais pas trop pour non plus, « Parce qu'Israel fait chier ».


Le malaise est palpable, bien sûr il s'agissait d'humour mais il faut admettre que c'était franchement déplacé, particulièrement lors d'un festival international de cinéma.  Résultat : Lars von Trier doit s'excuser, et il est chassé de Cannes.  Son film reste en compétition, question de différencier l'homme de l'oeuvre, mais on lui demande de ne pas se présenter dans le cas où il remporterait un prix.



Voir la différence entre l'homme et l'oeuvre, ça me rappelle automatiquement le cas Roman Polanski, coupable d'abus sexuel sur une mineur mais tout de même un artiste brillant.  En ce qui me concerne, évidemment je condamne les gestes de Polanski, mais il reste un réalisateur dont j'admire le travail, et la Palme d'or pour Le Pianiste était méritée malgré tout ce que l'homme avait pu faire de mal.  

Le cas Von Trier est quand même moins pire à mon sens : certes ses propos étaient plus que maladroits mais pas de là à être criminels.  Peut-être suis-je naïf mais je n'y ai vu aucune invitation à la haine, et d'ailleurs n'est-il pas connu que le réalisateur danois est du genre à aimer provoquer.  Je trouve que la réaction est exagérée, qu'il s'excuse, ok, ça me paraît normal, c'est ce qu'on fait quand on a gaffé, mais être mis à la porte du festival pour une mauvaise blague...

Il y a toujours une morale franchement douteuse qui règne dans le cinéma de Von Trier, ce n'est pas nouveau, mais c'est justement ce qui rend son travail aussi unique.  Je reste un grand admirateur de ses films et j'ai toujours aussi hâte de voir Melancholia.  Je ne suis pas toujours en accord avec les conclusions morales qu'on peut tirer de son cinéma, rarement même, mais l'art n'est-il pas entre autres la confrontation des points de vue?  En ce qui me concerne, j'aime les oeuvres qui me choquent parce que c'est ainsi qu'elles nous poussent à remettre en question.  Elles nous ébranlent et on est forcé de réfléchir, de réévaluer ses valeurs pour retrouver l'équilibre.

Heureusement la présence de Melancholia à Cannes n'aura pas uniquement été marquée par le dérapage du réalisateur.  Félicitations à l'actrice Kristen Dunst, lauréate du pris d'interprétation féminine.



Félicitations aussi à Terence Malik, personnellement absent de la Croisette mais dont le film présenté en compétition, The Tree of Life, a remporté la Palme d'or cette année.


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